Le mental, en venir à bout
1,90 m,120 kg, des bras de 52 cm de diamètre, 2e dan de Taekwondo, Aboubakar Bakayoko, c’est aussi une longueconstruction mentale dans le monde du body-building. Rencontre.
Il avait promis d’être là à l’heure au rendez vous fixé. Pile à l’heure. Avec une voix à faire pleurer Barry White,
il nous demande si l’on a pas eu de mal à trouver. Une masse de muscles, tout en muscles. Il s’assoit sur une chaise.
Comment elle tient, on en sait rien…
Très discret sur lui même, cet athlète impressionnant considère d’emblée qu’il n’est « personne » dans le monde
du culturisme (voir son palmarès ! ! !). C’est une photo de vacances qui le pousse à pousser la porte du club municipal de
Mantes la Jolie tellement il ne se reconnaissait pas sur celle-ci. « Mon ami Dédé l’ancien m’a pris en charge au tout début »
assure-t-il de sa voix chaleureuse. Début d’un long chemin vers le plus haut niveau.
Par la suite, sa rencontre avec Serge Nubret « champion toutes générations confondues » a aussi été déterminante, car avec lui,
il découvre la compétition et aussi se conforme dans le même temps à des règles diététiques les plus strictes. Albert N’Guage le suit
aujourd’hui pour la préparation aux concours.
Le Taekwondo dont il est issu lui permet d’effectuer lors de ses shows des figures telles que le grand écart. Spécialiste d’un
art martial qui combine souplesse rapidité et puissance, il fait évoluer sa chorégraphie par des touches subtiles : les muscles
doivent « bouger, ne pas rester gros et statiques ». Son contact humain le rapproche du public. Un peu plus à chaque concours.
On ose lui poser la question de son secret (la chaise tient toujours)
« Comprendre, progresser par soi-même, c’est un fil conducteur. Je me suis même inscrit à des cours de diététique ».
Du coup, il est autonome dans la gestion de ses repas. On croit que c’est simple en le voyant sûr de lui.
Il nous recadre avec un sourire sincère. A 40 ans, ma vie n’a pas toujours été simple. En effet, il perd son père à l’âge de six ans
« J’ai dû apprendre à me prendre en charge, à m’adapter ». Aujourd’hui père de cinq enfants, il ne leur a jamais rien caché de sa vie
« pour qu’ils comprennent et partagent aussi » et qu’ils se forgent un mental d’acier à toute épreuve qui leur permettra de
« se débrouiller seuls dans les pires moments »
Une passion se vit, une passion se partage aussi. « Se fixer des objectifs et savoir faire des sacrifices », leïtmotiv que suivent
Cyril Couvri, Wahab Oudich et Mohammed Bellasem au club du Mantois, tout en suivant aussi les conseils diététiques
d’entraînement, les chorégraphies et le coaching mental.
Agent de maîtrise dans une entreprise de logistique, il nous livre qu’il se repose le soir en famille après son dur entraînement.
« Je regrette juste de ne pas être assez proche des miens ». S’il donne l’impression d’être calme et posé, c’est peut-être
qu’il pense déjà à la prochaine étape, au prochain entraînement, ses séries et ses reps ou le posing de sa prochaine démonstration.
Plus on le regarde, plus on se dit qu’il est la résultante d’une alchimie complexe de défis, de discipline, d’efforts et de
prédispositions génétiques. Il a trouvé sa voie, il essaie de la montré aux autres.
Il se relève en nous confiant qu’il a encore des progrès à faire. Il remet la chaise à sa place, prend congé avec le sourire
et continue sa longue route vers les prochaines compétitions. Une masse de muscles et un cœur en or…
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